Avertissement : les visites se sont faites dans une ambiance « voyage organisé », donc un peu au pas de course, en bus et avec un guide qui ne s’est occupé que des gens qui ont pris les voitures électriques pour se déplacer, vu qu’il touchait une commission sur les tickets. Des descriptions sommaires s’ensuivent. Mais il y a des photos. Enfin, il y aura des photos demain, pour l’instant, c’est juste l’article, j’ai des problèmes pour envoyer les photos aujourd’hui… Les photos sont en ligne.
Le week-end dernier, je suis allé à Yichang avec ma belle-mère, qui devait y récupérer quelques arbres à planter. Des clémentiniers, ou des mandariniers, je ne sais pas trop, on verra à la récolte (la distinction n’est a priori pas évidente en chinois). Ce fut l’occasion de visiter le barrage des Trois Gorges et les alentours.
Un train rapide (qui n’est pas un TGV, juste un train plus rapide que les tortillards habituels) conduit de Wuhan à Yichang en deux heures, à travers la campagne du Hubei. Plusieurs changements architecturaux remarquables au niveau des demeures campagnardes (les anciennes, parce que les modernes se ressemblent toutes), principalement au niveau des toits, au faîtes plus ou moins arrondis, et qui dépassent plus ou moins des murs. Pas de photos du trajet, avec les reflets sur la vitre, rien ne rend. Passons donc à Yichang.
Premier constat, c’est une ville plus petite que Wuhan (ça se sent à la qualité de l’air): Wiklpedia me donne 4 millions d’habitants en 2008, moitié moins qu’à Wuhan à la même époque, et seuls 1,3 millions vivent en milieu urbain. Les rues sont plus étroites, et les voitures moins nombreuses.
La gare a été relocalisée et ses alentours attendent encore un développement :
Un peu de géographie
Yichang est située sur le Yangzi, à environ 350 km en amont de Wuhan. C’est une « ville-préfecture », jouissant à ce titre d’une certaine indépendance vis-à-vis de la province et de son siège, situé à Wuhan. D’un point de vue économique, sa situation lui permet de prospérer par la construction navale et les transports, principalement entre Chinogqing, en amont, et Wuhan, en aval. Ses oranges et autres agrumes, pour lesquels le climat est apparemment propice, sont également réputés.
Arrivés le soir (repas conséquent, avec beaucoup d’alcool, forcément, celui-ci étant plus ou moins fait maison par l’oncle de ma belle-mère, qui fait mariner un savant mélange de baies de gouji, de jujubes et d’un autre fruit, que j’ai oublié, dans un alcool « blanc » (à base de sorgho, donc) qui titre 60°, pendant au moins un an. Le titrage baisse un peu, bien sûr, mais on est encore au-dessus de 50°, je pense.), nous partons dès le lendemain matin en excursion pour la journée, vers une multitude de lieux touristiques. Première étape, le parc commémoratif de QU Yuan.
Parc commémoratif de QU Yuan
QU Yuan (屈原, -343, -278) était un poète chinois de l’époque des Royaumes Combattants, conseiller du roi du pays de Chu. Il a conseillé à son monarque une alliance avec les autres pays pour contrer le pouvoir grandissant du royaume de Qin (celui qui a fini par unifier la Chine sous l’égide du Premier Empereur dont le mausolée se trouve à Xi’an), et s’est ce faisant attiré l’opprobre des autres conseillers, qui l’ont calomnié, causant son exil (je résume, hein.). Durant cet exil, il a écrit, s’est ouvertement inquiété quant au sort de son pays, puis s’est suicidé en apprenant la prise de la capitale par l’armée de Qin, en s’immergeant dans la rivière Miluo (au Hunan) avec des pierres dans les poches.
Ici, la légende intervient, et veut que les villageois aient essayé de le sauver en frappant l’eau et en jetant de la nourriture pour éviter que les poissons ne mangent sa dépouille, puis en offrande à son esprit. De là sont nées deux traditions, les courses des bateaux-dragons, et les zongzi (boulettes de riz gluant pressées dans une feuille de diverses plantes, avec une variété d’aliments à l’intérieur, salés et/ou sucrés, puis passées à la vapeur. Les feuilles peuvent éventuellement ajouter une saveur.), que le fantôme de Qu Yuan aurait demandé à ses amis de jeter dans la rivière pour apaiser le dragon.
Qu Yuan est une fierté locale, et ce parc a connu plusieurs incarnations, la précédente ayant été engloutie lors de la mise en eau du barrage. C’est un endroit assez agréable, où l’on peut se promener tranquillement, si on fait attention aux voiturettes électriques qui amènent les gens pressés de lieu en lieu, et qui semble être encore en développement, si j’en juge par les activités de remblaiement qui s’y déroulaient quand j’y suis passé.
Petit plus, on a une belle vue sur le bassin de rétention et le barrage.
Le parc de présentation du projet des Trois Gorges
C’est le nom officiel. J’en profite pour préciser que Yichang est reliée à la région des Trois Gorges par deux routes, une ancienne, qui dessert tous les villages (qui n’ont probablement pas tous de nom, un certain nombre d’entre eux sont vraiment petits), et une moderne, plus directe et plus rapide, qui dessert uniquement la portion de la berge directement au niveau du barrage, et dont l’accès est soumis à une autorisation préalable. Ceci fait que la moitié du temps, le bus était seul sur la route. La voie rapide traverse plusieurs tunnels creusés directement dans les montagnes, deux d’entre eux étant séparés par un passage à l’air libre d’environ 50 m de long.
Outre les machines utilisées pour ces travaux pharaoniques (le niveau de l’eau en amont est 110 m plus haut qu’en aval), le parc offre un récapitulatif du projet, et une belle vue sur le barrage.
Une autre vue du barrage, avec un zoom sur la section de déversement :
Après le parc, repas. Puis promenade en bateau. Juste un aller-retour sur le fleuve, 45 minutes dans les deux sens. Et enfin, clou des réjouissances, direction le sommet.
La barrage et l’écluse
Retour au bus, direction l’écluse et le haut de l’édifice. Le passage des bateaux se fait, dans un sens comme dans l’autre, en trois heures et demie-quatre heures, avec cinq étapes.
L’ascension se fait en escalator.
Il n’est pas possible actuellement de monter sur le barrage lui-même, probablement parce que les travaux de l’ascenseur pour les bateaux plus légers ne sont pas encore terminés. Les militaires postés à l’entrée se départissent également de leur légendaire impassibilité pour interdire aux visiteurs de prendre des photos de l’accès à la partie supérieure du barrage.
Le site comprend également une maquette du barrage :
Une fois tout le monde rassemblé, le bus repart, et nous rentrons à Yichang. L’un dans l’autre, c’est une visite impressionnante, la dimension des travaux effectués laisse rêveur…
‘Laisse rêveur, laisse rêveur’ … arf, on dirait entendre Monsieur Bouygues ^_^